Le 22 janvier 2020, le séculaire journal hebdomadaire L’Auvergnat de Paris consacrait un long article à la fermeture du thermoludisme à Chaudes-Aigues. Son titre ? « La remise à flot de Caleden se fait attendre ».
La paralysie d’un des centres névralgiques de la commune
« Depuis seize mois, l’espace thermoludique de Caleden, à Chaudes-Aigues, a fermé ses portes. Une histoire qui a démarré par la chute d’une lauze du toit et qui, aujourd’hui, paralyse encore l’un des centres névralgiques de la ville ». Dès l’introduction, le ton est donné par le titre diffusé depuis les années 1880 sur Paris et l’Ile-de-France.
Pour Mathilde Jarlier, « c’est un peu la série à suivre dans le Cantal ». Avec un épisode pilote dont le pitch initial est ainsi synthétisé : « comment la chute d’une simple tuile de lauze peut avoir l’effet d’une vague déferlante sur la cité thermale de Chaudes-Aigues ».
« Depuis seize mois, le centre thermoludique de Caleden a dû fermer ses portes suite à cet incident qui a révélé une malfaçon au sein de la toiture », resitue la journaliste. « Si les thermes restent ouverts et n’ont pas subi de baisse de fréquentation (2 327 curistes en 2019, 2 313 en 2018), les conséquences de cette fermeture de l’espace thermoludique fragilisent la structure économique de Caleden, détenue à plus de 70 % par le département du Cantal et présidée par Didier Achalme, vice-président ».
Quid des Chaudesaiguois·es ?
Et les Caldaguès, dans tout cela ? L’Auvergnat de Paris en vient rapidement à eux. « Cette longue fermeture inquiète aussi les habitants de la petite ville », prévient Mathilde Jarlier. « Pour faire entendre leurs voix, un collectif citoyen s’est constitué, à la tête duquel on retrouve Stéphane Chaudesaigues, tatoueur de renom et organisateur du Festival du Tatouage de Chaudes-Aigues ».
« Leur demande : faire rouvrir au plus vite le centre thermoludique, dont les habitants sont privés depuis plus d'un an », résume l’article. « On nous a coupé le robinet d'eau chaude », m’exprimé-je dans le média. « Ici venaient 46 000 personnes par an ; ce sont 46 000 personnes qui faisaient vivre les commerces du village et c'est pour cela que nous nous sommes constitués : pour sensibiliser. Je vois mon village mourir ».
La justice s’en mêle
L'Auvergnat de Paris traite ensuite du pan judiciaire de la tristement tentaculaire affaire, rappelant que le département a saisi la justice pour demander réparation face à cette malfaçon. Bruno Faure, que nous avions interpellé en sa qualité de président du Conseil départemental du Cantal, s’exprime sur le sujet : « Nous avons pris la décision de fermer l'activité thermoludique pour des raisons de sécurité ».
« Le collectif soulève cependant le point suivant : aucun arrêté municipal ni préfectoral pour danger imminent n'a été déposé », signale Mathilde Jarlier. Et de reporter la valse des spécialistes missionnés sur les lieux : « Depuis cette fermeture, les experts ont défilé sur place, jusqu'à ce que le tribunal décide finalement de dépêcher le sien pour trancher sur les responsabilités de chacun ». Et maintenant ? « Depuis fin décembre, les Cantaliens sont en attente de l'avis de ce dernier », explique l’article.
Quel projet d'évolution pour le centre thermoludique ?
Mais des questions annexes viennent s’ajouter à ces d’ores et déjà colossaux enjeux. « Si la lenteur administrative fait partie du problème, le collectif soulève d'autres interrogations, notamment concernant le projet d'évolution du centre thermoludique », prévient la journaliste. À ce propos, j’évoque notamment que la couverture en lauzes qui était en place convenait totalement à l’architecture du pays ; or, désormais, on nous parle de bac acier et de toiture végétalisée.
Dans ce marasme, les assureurs non plus ne sont pas en reste. « L'idée d'un Plan Thermal, lancée avant l'incident, financé en partie par le Conseil régional, prévoirait non pas la réfection, mais un changement total de la toiture, voire de la charpente », écrit Mathilde Jarlier, en décodant : « Ce qui ne serait pas du goût des assurances, qui ont décidé d'attaquer en justice le centre thermal Caleden ».
2020 et un thermoludisme toujours clôt : la saison de trop ?
Pour L’Auvergnat de Paris, il existe un point commun entre les différents partis : « Des deux côtés, la volonté de voir rouvrir le centre thermoludique fait office d'urgence ». Dans ce contexte, Bruno Faure rappelle que « nous [le Conseil départemental du Cantal] avons déjà injecté 700 000 euros sur le compte courant de Caleden pour compenser la perte de chiffre d'affaires ». Pour l’homme à la tête du département depuis 2017, « des travaux pourraient être enfin engagés » une fois les responsabilités éclairées et tranchées par la justice. Il dit : « Le Plan Thermal existe toujours avec le projet de rénovation de l'hôtel et celui de retoucher la structure ; après, faut-il refaire d'abord la toiture ?… Le projet se dessinera. Une chose est sûre : ne serait-ce que pour des raisons financières, la priorité, c'est la réouverture, le plus vite possible ». Avant de conclure : « Nous sommes dans les starting-blocks ».
La fin de l’article ? « À Chaudes-Aigues, l'eau bout et attend de pouvoir revenir alimenter les bassins de la piscine, "qui, à force de rester vides et sans activité, risquent de présenter quelques problèmes à la remise en service", soulève Stéphane Chaudesaigues. Suite au prochain épisode ». Dans notre cité cantalienne, cette série a quand même des parfums de soap-opéra… et de saison de trop.