Il y a des centimètres qui comptent. 18 centimètres, c’est trop : il ne faut pas dépasser les 17 ! Son mètre à la main, je le vois effectivement se gratter la tête et nous dire : "Ça ne passera pas, c’est trop, désolé". Le chargé de vérification des normes, pour respecter l’aménagement des bâtiments qui sont destinés à recevoir du public, est formel. "Les marches de votre escalier sont trop hautes : elles font 18 centimètres et ne devraient pas dépasser 17 centimètres". La sentence se fait entendre : il faut le casser !
Pas facile de faire "rentrer" un escalier entièrement refait dans un espace déjà imposé par la structure du bâtiment. Eh oui : nous sommes dans ce que nous appelons des "travaux de rénovation" – de la restauration d’un très vieux bâtiment. Un escalier, il y en avait bien un, mais son inclinaison ressemblait plus à l’inclinaison d’une échelle de meunier. On l’espérait plus confortable à l’usage. On nous proposera bien de faire installer un ascenseur ; et je m’imagine aller sur la Lune, c’est sans doute moins compliqué.
Presque deux ans pour obtenir la puissance nécessaire, afin de chauffer et faire fonctionner le bâtiment. Le choix de plusieurs chaudières électriques et d’une cuisine, ça consomme, forcément. Nous souhaitions exclure le fuel, bien avant que le sujet n’occupe l’actualité. C’était sans compter sur la problématique de l’obtention du permis de construire, et de devoir saisir le tribunal administratif à l’encontre du maire de Chaudes-Aigues, M. René Molines, pour contester une décision ressemblant fort à un abus de pouvoir, au vu des arguments défiant le bon sens. Et enfin, 14 mois plus tard, obtenir le fameux sésame pour enfin reprendre les travaux.
Devoir se défendre au Tribunal correctionnel d’Aurillac, suite à la plainte des Architectes des bâtiments de France et de nos chers voisins. Se retrouver à attendre son tour dans ce même tribunal, tout en écoutant les récits des différents délits d’extrême violence qui, horriblement, nous associent donc à cette délinquance. Car oui : dans Tribunal correctionnel, il y a bien CORRECTIONNEL.
Mais passons ; le véritable problème de fond, c’est sans aucun doute l’interruption due à la fermeture de l’activité du thermoludisme au village, pour une période indéterminée. Comment un investisseur privé peut-il se priver de 46 000 entrées payantes annuelles au centre thermal Caleden ? Difficile de continuer de communiquer sur les zones rurales qu’il faudrait réinvestir et développer.
Alors nous allons "essayer" de continuer et, pour ce faire, accepter horriblement de voir perdre ce fameux et lourdement symbolique centimètre. Comme vous le voyez, nous cassons l’escalier et une dalle, pour être dans les normes, et construire un nouvel édifice. Dans les mêmes temps, les façades vont suivre et l’arrivée des volets termineront l’embellissement général. Nous aurions préféré faire ressortir les pierres, pour mettre en valeur les façades – mais là aussi, allez comprendre...
Au goût de l’ancien ABF, "Architecte des bâtiments de France", les pierres apparentes font "grange". Rappelons qu’aucune norme nationale ne régit ces services et que les recommandations dépendent donc de la vision personnelle du représentant des Architectes des bâtiments de France que vous rencontrez. Étonnant, quand même, de payer pour les goûts d’un autre. Et que penser d’un village comme celui de Salers qui, justement, témoigne d’un charme certain, avec ses maisons en pierres… apparentes ?
Nos façades seront donc enduites ! Arriveront les plaquistes, plombiers et électriciens : il reste encore beaucoup à faire et nous avons bien malheureusement pris du retard sur l’ouverture. L’enveloppe financière à investir est encore énorme ; mais nous restons malgré les épreuves, convaincus que Chaudes-Aigues, le village, a un fabuleux potentiel. En revanche, le constat réalisé avec un peu de recul n’est pas encouragent pour sensibiliser les futurs investisseurs.
#InvestirDansLeCantal