Forte et grande comme un chêne
C’est en me baladant du côté de Mallet – ceux qui me connaissent un peu feront le lien – que je me retrouve à gratter la terre. En poussant les feuilles mortes, je ramasse quelques graines à peine germées, elles me semblent délicates et étrangement précieuses.
Nous sommes sur cette plage, que nous prenons souvent plaisir à redécouvrir en famille. Cécile ramasse au pied de ces chênes immenses quelques petites capsules, percées d’une mandibule.
Je trouve la scène étrange, lourde de symbolique, et je me laisse porter par une sensation agréable, une perception un peu plus conscientisée des cycles de la vie.
Je tiens au creux de ma main ce qui, peut-être, deviendra un jour un chêne puissant.
Quel parent ne souhaite pas force et robustesse à sa progéniture ?
L’histoire de mes ancêtres trouve racine ici, au creux de cette vallée, par la filiation et la transmission du nom, celui du Père. Je suis moi-même très attaché à ce territoire.
Loulou, la dernière de mes filles, lance des cailloux dans l’eau. Challenge de force, elle décide d’éprouver ses muscles. "Je suis forte, hein, papa ?"
Oui, tu l’es, ma fille, et tellement plus encore.
Mon parcours de vie devait me ramener à cet endroit, celui où tout a commencé depuis que nous portons notre nom. Ces quelques graines dans ma main et les exploits de Louison à lancer des cailloux de plus en plus gros, m’ont laissé entrevoir un infime moment, la lutte permanente que nous impose l’existence.