J’ai aimé lire le billet posté par Olivier Laizé, un porte-parole du SNAT, sur La Tribune de Lyon – bien qu’il m’ait laissé plus que perplexe.
Entre divagations philosophiques et idéal conscientisé, Olivier ne me semble pas représenter au mieux les revendications Snatiennes. Ou alors il nous dupe et nous noie, avec des formulations qui finalement ne veulent pas dire grand-chose au regard de la société actuelle.
L’idéal est beau, c’est justement ce qui rend sa quête difficile, voire inaccessible tel un Graal.
Mais restons pragmatiques, et bâtissons un socle commun, pour notre devenir et notre avenir, avec des représentants peut-être plus légitimes à s’exprimer.
L’exemple est roi, pour reprendre une expression populaire, et si le tatouage, sa pratique ou son art, peut revendiquer des origines très populaires pour ne pas dire prolétaires, qu’en est-il de ce porte-parole ?
Un peu de décence donc. Si tous les tatoueurs sont des artistes, Olivier est donc marchand d’art. Du prolétariat à l’art du tatouage, a-t-il opté pour une reconversion des plus spéculatives ?
En acceptant d’être un des porte-parole de l’association du syndicat national des artistes tatoueurs, ne serait-il pas préférable pour nous tous, et les membres de votre « syndicat », qu’il soit au moins en phase ou en accord avec vos revendications ?
« Un artiste peut parfois travailler sur commande : un artisan a le devoir de le faire. L'existence d'un diplôme officiel de tatouage reviendrait à reconnaître systématiquement le tatoueur comme un simple technicien copiste, disposé à reproduire sans fin les mêmes motifs... Quel bel avenir ! »
Là où nous demandons un statut pour les professionnels du tatouage, d’artisans d’art, afin de leur assurer un cadre légitime, la possibilité d’avoir des apprentis de façon légale, une assurance professionnelle et la chance de pouvoir exprimer leurs talents techniques et artistiques, Olivier Laizé, lui, se répand avec un discours qui me semble des plus inadaptés.
Un homme qui forme à l’hygiène, avec sa société CorpsTech, tous ceux qui souhaitent devenir tatoueur. Qui leur permet d’obtenir le fameux et seul sésame nécessaire, qui leur ouvre les portes après 21 heures de formation, au monde « professionnel » du tatouage peut-il être objectif ?
En effet, il ne faut pas oublier que c’est son gagne-pain…. Tout simplement.
Ce même homme qui évolue dans le petit monde du tattoo sans être lui-même tatoueur, mais qui fait travailler pour son compte des « artistes » tatoueurs… Un homme qui, du haut de sa holding, a finalement trouvé la solution aux méandres du statut des Artistes tatoueurs, puisqu’il les salarie.
Le SNAT, qui refuse en bloc un référentiel pour la « profession », et un diplôme quel qu’il soit est édifiant.
Revendiquer le statut d’artiste pour tous les tatoueurs, il faudrait déjà commencer par se demander quelle est leur légitimité à s’exprimer au nom de tous les tatoueurs alors qu’ils ne sont que 1 600 dans le meilleur des cas.
Passons sur ce « détail ». Revendiquer le statut d’artiste afin d’obtenir une TVA réduite comme les artistes dépendant de la MDA : quel lyrisme dans la revendication !
Le tatouage doit s’apprendre de façon libre et gratuite, oui mais alors, pourquoi faire payer ce sésame qu’est la formation à l’hygiène de 21h dispensée par Olivier Laizé par exemple ?
Eh bien parce que c’est avant tout du business, rien de plus.
Aucune validation des acquis, finalement qui nous amène sur la mise en place d’un CQP, déjà mis en place par une des écoles privées du tatouage.
Mais on pourrait se demander si ce n’est pas la prochaine étape de CorpsTech au vu du développement exponentiel de ses activités : ouvrir sa propre école de tatouage. Et je doute que la formation sera libre et gratuite.
Le tatouage oui, son art, sa pratique et ses artistes.
L’exemple est roi, et je dois bien l’avouer, je rejoins Olivier Laizé sur des valeurs idéalisées, concernant notre activité.
Je l’invite néanmoins à renoncer à son montage fiscal, qui exploite finalement les « artistes » tatoueurs qu’il emploie, et cela afin d’être en accord avec son « syndicat ».
Comment une fiche de paye peut laisser penser qu’un « artiste salarié », puisse véritablement être rentable pour une société, qui doit horriblement faire un minimum de chiffre, et lui laisser jouir de son esprit créatif à la fois.
En effet l’opinion sur le statut d’artisan d’art que nous proposons nous assénant que l’artisan d’art n’est pas libre de son art est en contradiction totale avec ce statut de salarié qui fait peut-être de l’art mais se doit surtout d’être rentable afin de permettre à l’entreprise qui l’emploie de payer ses charges et à son patron de gagner sa vie. Où se situe la part de créativité face à une demande de rentabilité ?
Non, je l’affirme encore ici, tous les tatoueurs ne sont pas des artistes, et les petits patrons de structures comme celle d’Olivier, encore moins.
Alors je vais bien préciser que je ne suis pas contre le montage et le développement d’entreprise et encore moins contre le fait d’avoir ou non des salariés, mais par contre je pense que le mieux quand on s’exprime au nom de personnes est d’être au moins cohérent avec les revendications de ceux que l’on représente.
Mais le discours est beau et laisse rêveur.
Laisse le tatouage aux tatoueurs Olivier, ou au moins arrête de te répandre en explications baudelairiennes, qui laissent entrevoir le manque d’arguments nécessaires à l’évolution de notre passion, notre métier.