Le marché grandissant, la question du statut des tatoueurs est posée.
Et elle déchire la profession.
Face à face, l'incontournable Tin-Tin et Stéphane Chaudesaigues, son ennemi juré.
« Plagiat », « incompétence », « mauvaise foi », les balles ont volé en tous sens ces derniers mois, accompagnées de menaces de procès, voire de représailles physiques… « Un combat d'autant plus triste qu'il a provoqué une fracture dans la profession, les tatoueurs étant sommés de choisir leur camp », regrette l'un d'eux.
LE TAUX RÉDUIT DE TVA, UN ENJEU
Au coeur du litige, le sens même du métier. Pour Tin-Tin, le tatoueur est un artiste. « La seule chose qui nous sépare des peintres, c'est que nous travaillons sur la peau, pas sur une toile. » Pas question d'envisager un CAP ou des écoles spécialisées. « C'est un art qui se transmet de maître tatoueur à élève, comme dans les ateliers des peintres de la Renaissance. »
Depuis des années, il milite pour la reconnaissance de ce statut d'artiste, alors qu'aujourd'hui les professionnels sont, selon les cas, artisans, commerçants, auto-entrepreneurs, profession libérale… Au passage, les artistes tatoueurs pourraient bénéficier du taux réduit de TVA.
Stéphane Chaudesaigues, défend une approche plus terre-à-terre. « Nous ne sommes pas tous des artistes, le gouvernement le sait bien et ne nous donnera jamais une TVA réduite », dit-il. A ses yeux, mieux vaudrait un statut d'artisan, qui permettrait d'avoir des apprentis, et de régler la question de la formation.
Chacune de ces deux fortes têtes entend aussi représenter la profession. Face au SNAT de Tin-Tin, M. Chaudesaigues a créé l'association Tatouage et partage. Et monté son propre festival, qui réunit, en juillet, des tatoueurs du monde entier dans un village du Cantal, nommé… Chaudes-Aigues. « Légèrement mégalo, non ? », commentent les amis de Tin-Tin. Cet été, ces deux-là ne tatoueront pas ensemble.
Tatoueur, de l'or au bout des aiguilles
LE MONDE |
08.03.2014 à 10h36
• Mis à jour le
25.03.2014 à 14h33
| Par Denis Cosnard